Dreamusic

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"Cigarettes After Sex" de Cigarettes After Sex

Artiste : Cigarettes After Sex 

Album : Cigarettes After Sex 

Année : 2017

Genre : Dream Pop/Slowcore

 

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  Derrière le nom étonnant Cigarettes after Sex se cache Greg Gonzalez et son envoutante voix androgyne. Originaire du Texas, il a connu un parcours peu orthodoxe avant de publier son premier album. Fort d'un très grand succès sur le net, le jeune artiste aura finalement mis presque 10 ans (le groupe a été fondé en 2008) pour enfin terminer son premier opus. Perfectionniste dans l'âme et jouissant d'une cote de popularité extrêmement élevée, il a écrit et réécrit près d'une centaine de morceaux avant d'être assez satisfait du résultat.

 

  Des mélodies toutes simples, au rythme apaisant, parfois presque lénifiant, accompagnées de la voix captivante et vaporeuse de Greg Gonzalez, voici la recette si efficace appliquée depuis ses débuts. La foce du groupe réside dans son flow, dans ces chansons d'amours souvent désabusés, parfois cyniques mais le plus souvent mélancoliques comme "Flash" et "Sweet".

 

 

  Remise au goût du jour avec Rhye, la dream pop sensuelle et éthérée des Slowdive ou Mazzie Star se retrouve ressuscitée de fort belle manière dans le premièr album éponyme de Cigarettes After Sex. Quoi de plus érotique en effet qu'une cigarette après l'acte d'amour. Accompagné du bassiste Randy Miller, du batteur Jacob Tomsky et du claviériste Phillip Tubbs, le groupe nous plonge dans les méandres de l'amour et de ses tourments. 

 

  Piochant dans le romantisme des sixties incarné par les Fletwoods et les Paris Sisters, la musique douce de Cigarette after Sex rappellent les compostions de Mark Kozelek pour sa dimension cathartique. Sur "Each time we fall in love"Ses paroles alternent entre un désabusement adolescent et une sagesse et un recul acquis au gré des déceptions amoureuses de son leader.

 

 

  Sans autre prétention que la beauté, le titre "John Wayne" nous transporte avec douceur et pudeur et un brin d'humour dans les tourments de l'amour. Greg Gonzalez termine son récital avec le cru "Young & dumb" qui clôture ce cheminement vers l'orgasme.

 

 

Greg Gonzalez et son groupe Cigarettes After Sex parviennent, malgré l'attente suscitée depuis plusieurs années chez ses fans, à nous enchanter à travers 10 titres dream pop magnifiques.

 

 

Note : 8,5/10

 

 

 

 


03/06/2017
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Les meilleurs albums de 2016

L'année 2016 a été marqué par de nombreuses disparitions et une flopée de très bons albums. Je n'avais que l'embarras du choix au moment de composé ma sélection.

 

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1) "Skeleton Tree" de Nick Cave & the Bad Seeds

   Nick Cave et ses Bad Seeds réalisent un nouvel album de haut volée. Un son mature, extrêmement nostalgique (Nick Cave évoque la mort accidentelle de son fils) et d'une portée universelle. Définitivement le chef d'oeuvre d'un grand artiste.

 

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2) "Volta" de Boogie Belgique

   Au côté de Parov Stelar, le belge Oswald Cromheecke est ce qui se fait de mieux en Europe en matière d'electro-swing. Son cinquième album "Volta" impressionne par la combinaison de mélodies jazz-swing vintages et de beats plus contemporains. 

 

3) "Animal" de Fakear

   Après de nombreux e.p très réussis, Fakear sort enfin son premier album. Toujours influencé par la musique asiatique, le normand  poursuit son exploration des contrées de l'est, sur un fond d'electro posé. Une véritable invitation au voyage.

 

4) "You Want It Darker" de Leonard Cohen

    Le singer-songwritter canadien nous a quitté cette année juste après la parution de son dernier opus qui se révèle être un de ses disques les plus abouti, tournant autour de mélodies simples et graves et une voix qui donne des frissons.



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5) "Freetown Sound" de Blood Orange

  Aux frontière de l'electronica, de la chillwave et du r'n'b, le touche-à-tout Dev Hynes revient pour un troisième album de très belle facture. 

 

6) "Temple" de Matthew And The Atlas

   Épuré et d'une richesse musicale profonde, le second album de Matthew Hegarty alterne entre longues ballades mélancoliques, envolées légèrements pop. 

 

7) "The Great Detachement" de Wintersleep

   Sous ses airs de Weezer, Wintersleep retrouve un punch détonnant et ses chansons aérées et bien écrites feront le plaisir de tout amateur de rock.

  

 

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8) - "22, A Million" de Bon Iver

   Après le folk épuré de ses débuts, Bon Iver a presque tout changé pour un résultat des plus surprenant et envoutant. Un son aux consonances tantôt r'n'b tantôt electro et des expérimentations époustouflantes qui en disent long sur le talent du jeune américain.

 

9) "My Woman" de Angel Olsen

    Angel Olsen a bâti sa réputation grâce a sa voix pure et chaude. À son talent naturel, elle y a ajouté des paroles plus travaillées et des compositions millimétrées pour un album doux et chaleureux.

 

10) "Absolute Loser" de Fruit Bats

   Présent sur la scène indie depuis plus de 15 ans, Fruit Bats et son leader Eric Johnson poursuivent leur parcours avec un nouvel album impeccable, une petite pépite délicate et rafraîchissante aux mélodies entrainantes et aux paroles mi-moqueuses mi-tristes.

 

Mentions

- "Some Others Places" de California Snow Story

- "Not To Disappear" de Daughter

- "Our Blood" de I Am Oak

- "Octane" de Red Hot Chili Peppers

- "Trouble" de Woodpigeon

- "Home" de Blue October

- "Warm On A Cold Night" de Honne

- "The Colour In Anything" de James Blake

- "Kindly Now" de Keaton Henson

- "A Moon Shaped Pool" de Radiohead

 

 


21/01/2017
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"I See You" de The xx

Artiste : The xx

Album : I See You 

Année : 2017

Genre : Musique Expérimentale/Minimaliste

 

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   Les premières notes, une résonance majestueuse de cuivre, sont surprenantes, déconcertantes, au point qu'on se demande si on a bien glissé le bon cd dans le lecteur. Puis la voix d'Oliver Sim s'élève, troublante et sensuelle, bientôt rejointe par le timbre reconnaissable entre mille de Romy Madley Croft. Ce premier titre intitulé "Dangerous" illustre la prise de risque du trio londonien. Le son est novateur, différent mais parvient à conserver ce label "xx".

 

   "Say something loving" nous ramène en territoire plus familier, entre les beats lancinants parfaitement calibrés de Jamie et les voix plus éthérées du duo de chanteur, qui contrairement à leur précédents opus n'hésitent plus à mêler leur voix graves pour une symbiose quasi-parfaite.

 

 

    Le trio semble enfin complètement s'assumer, dévoilant des mélodies plus lumineuses, pleines d'espoir, teintées d'une pop nonchalante et parfois explosive. Dans la veine du premier opus de Jamie Smith "In Colour", paru au printemps 2015, les beats prennent une consonance plus électronique et s'ouvrent à des influences pop, jazz et même funk. Le talent du jeune londonien est indéniable, chacune de ses mélodies créant un univers planant et unique, en permanente transformation, et qui semble se dérober dès qu'on veut s'en saisir. 

 

  Le songwritting de Romy Madley Croft et Oliver Sim a également évolué pour devenir plus mature. Les deux artistes ne délaissent pas les thèmes de l'amour et de la rupture qui leurs sont si familier mais ils y insufflent une nouvelle vitalité et une plus grande chaleur. Les paroles restent simples et cadencées, en alternant des phases calmes et de nombreuses envolées auxquelles il est presque impossible de ne pas succomber. Des morceaux minimalistes de leur début, les trois artistes ont bien grandis et ne semblent plus se restreindre dans leur champ d'action et leur désir d'épancher leur douleurs et déceptions. Dans le même temps, les beats reculent à bon essien pour laisser les voix s'exprimer.

 

   Sur le titre "Performance", Romy Madley Croft délivre une introspection dure et sincère, comme si elle affrontait son reflet dans un miroir avec son lot d'imperfections. Le trio n'abandonne pas son côté minimaliste mais le fait évoluer avec douceur comme sur le magnifique tube aux résonances synthpop "Replica" ou aux percussions en sourdine de "Brave for you".

 


 

 

La renaissance, ou plutôt la transformation s'exprime avec brio à travers le splendide "On hold", synthèse parfaite des nouvelles ambitions  musicales et lyriques de the xx. Un nouvel horizon où ils font figure de pionnier et peuvent se permettre de nombreuses fantaisies.

 

 

The xx inaugure l'année 2017 de très belle façon avec ce troisième album réussit sous tout les points de vue. La maitrise d'un groupe qui a su devenir adulte à petite touche et possède tous les ingrédients pour faire partie du paysage electro pour encore de très nombreuses années.

 

Note : 9/10

 


14/01/2017
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"Bleu Nuit" de Apes & Horses

Artiste : Apes & Horses

Album : Bleu Nuit

Année : 2014

Genre : Electronica/Downtempo

 

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  Apes & Horses est le dernier né de la scène electro française. Ils ne sont pas connus, ne le deviendront peut-être jamais mais leur musique à déjà une justesse et un magnétisme captivants, d'une élégance rare, tout en contraste avec leur nom qui conviendrait plutôt à un groupe de post-punk des nineties. À l'origine de ce nom étrange, deux hommes se partagent la tête d'affiche, Aurélien Hamm (voix, machine) et Pablo Altar (claviers, machines) accompagné d'un batteur et d'un bassiste qui ont depuis quitté le groupe.

 

   Difficile de les catégoriser tant leur musique semble voler entre la pop céleste d'Isaac Delusion et le minimalisme de The xx, tout en y mêlant la verve instrumentale de Vanilla et les envolées orientales de Hiatus. Leur premier E.P sorti en 2014 est passé sous les radars et est resté confiné à un public trop restreint. Composé de 4 titres, "Bleu Nuit" dévoile une promesse musicale alléchante.

 

  L'alliage entre un flot mélancolique délicat et une fougue contenue fait de "Minuit" un titre qui se savoure aux heures perdues, à l'aube ou au crépuscule. "Seas" s'impose comme un hymne amoureux, beau, brut, qui vient du cœur, mais craché avec une amertume qui rappelle le mal-être de la Dispute.

 

 

"The fields" nous emporte dans une flânerie onduleuse, où le temps s'oublie et les pensées s'échappent de l'inconscient. Au détour de chaque notes, le morceau gagne en amplitude et tend vers une osmose entre spiritualité et beauté auditive. N'est-ce pas ce que l'on demande à la musique ? plonger dans un flot délicat dans lequel il ne nous reste qu'à s'y abandonner.

 

 

   Évoquant dans une marmite bouillonnante un foisonnement de sentiments; l'amour, l'abandon, le deuil, la renaissance, qui culmine dans un crescendo sublime "Blue" qui parachève ce chef d'œuvre introspectif avec caractère et maîtrise. Vivement la suite et leur prochain E.P. "Echo", annoncé pour bientôt.

 

Note : 9/10

 

 


03/10/2016
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"Wrong Crowd" de Tom Odell

Artiste : Tom Odell

Album : Wrong Crowd

Année : 2016

Genre : Singer-Songwriter/Indie Folk

 

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   Révélé en 2013 avec le très remarqué "Long Way Down", le jeune britannique aura pris son temps avant de sortir son deuxième album. Dans les bacs ce vendredi 10 juin, "Wrong Crowd" risque d'en surprendre plus d'un. Oublié cette musique sensible mais un peu générique du premier opus, elle laisse la place à un album harmonieux, délicatement tissé et à la trame passionante. 

 

   Avec sa gueule d'ange à la David Bowie, ses envolées tendres et lancinantes qui rappellent étrangement l'Adele des grande années et son timbre à la Jeff Buckley, le blondinet se place en chef de file de cette nouvelle génération britannique de singer-songwritter incroyablement talentueuse aux côtés de Birdy, Jake Bugg, James Bay ou encore Vance Joy.

 

   Magnétique, sa voix l'est comme sur son single phare "Magnetised". Montant crescendo et mêlant beats rétro, piano et cordes, le tube risque de tourner en boucle sur les stations européennes cet été mais pourtant il dépareille avec le reste de l'album. 

 

   Tom Odell a ainsi confié vouloir créer un univers musicalement riche et sans compromis, relatant l'histoire fantasmagorique (peut-être pas tant que ça) d'un jeune homme en quête d'identité, qui rêve de s'émanciper mais qui cherche dans un même temps à retrouver l'innocence perdue de son enfance. Une démarche qui le pousse à traiter ses sujets de prédilection : la rupture et la naiveté douloureuse du monde, mais qui est assez vaste pour lui permettre de l'enrichir de variantes sensorielles et d'un sens caché.

 

   Dans un style pop-folk nostalgique, Tom Odell réalise son introspection fictive avec "Sparrow", où l'oiseau symbolise sa peur de lâcher prise, sa hantise de l'abandon. "Stay, sparrow stay, won't you stay in my window/I've never been so close to anything so beautiful/Wait, sparrow wait, oh please don't you go/I love the way I felt as the, vast the wind it blows"

 

 


 

   C'est maintenant un adolescent tourmenté qui hante la fable rock "Daddy" ("And you can hear your baby sister scream/Your innocence get up and leave/It's that same old feeling spinning 'round your veins/Your daddy's leaving town again"). Un adolescent qui laisse derrière lui ses dernières illusions, les plus implacables, les plus douloureuses, celles dont-il doit se débarrasser pour enfin avancer.  

 


 

   À la croisée des chemins, le jeune homme se retrouve face à lui-même "Here I am". Confronté à ses amours, ses remords et son désir de liberté, il ne sait quelle voie emprunter. La renaissance intervient finalement par le biais d'une somptueuse ballade romantique fortement inspiré de "It's a Wonderful Life". "Somehow" clôt ainsi l'album de fort belle manière avec cette note d'espoir "Somehow, somehow/I know that it will be alright/Somehow, somehow/I know that you will be beside, oh."

 

 


 

 

  Cette progression tortueuse et malaisée qui aboutit finalement à l'insouciance retrouvé donne un caractère très personnel au deuxième opus de Tom Odell. À l'heure où certains artistes délivrent des albums comme les poules pondent des oeufs, cela fait plaisir d'écouter un projet élaboré et très bien pensé, d'une intelligence rare.

 

 

Note : 8/10


09/06/2016
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